We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

En Cendres​.​.​.

by Les Coureurs de Rempart

/
  • Streaming + Download

    Includes high-quality download in MP3, FLAC and more. Paying supporters also get unlimited streaming via the free Bandcamp app.
    Purchasable with gift card

      name your price

     

  • Compact Disc (CD) + Digital Album

    2ème opus des Coureurs De Rempart sorti en 2021.

    Includes unlimited streaming of En Cendres... via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    ships out within 15 days

      €10 EUR or more 

     

1.
Il faut mourir ! Mourons ! C'est notre faute ! Courbons la tête et croisons-nous les bras ! Notre salaire est la vie, on nous l'ôte, Nous n'avons plus droit de vivre ici-bas ! Allons nous-en ! Mourons de bonne grâce, Nous gênons ceux qui peuvent se nourrir. A ce banquet nous n'avons pas de place. Il faut mourir ! Frères, il faut mourir !   Il faut mourir ! Plus de travail au monde. Quoi ? L'atelier ? La machine à vapeur, Les champs, la ville et le soleil et l'onde Sont arrêtés ? L'argent vient d'avoir peur. L'entraille chôme et la baisse ou la hausse Glace la veine où le sang veut courir, Sans un outil pour creuser notre fosse. Il faut mourir ! Sœurs ! Il faut mourir !   Il faut mourir ! Mais les blés sont superbes ! Il faut mourir ! Mais le raison mûrit. Il faut mourir ! Mais l'insecte des herbes Trouble le gîte et le grain qui nourrit. Le ciel s'étend sur toute créature, En est-il donc qui naissent pour souffrir ? Sous les scellés qui donc tient la nature ? Il faut mourir ! Frères ! il faut mourir !   Le désespoir a vidé la mamelle. Ne tète plus ! Meurs ! Petit citoyen. Ton père eut tort, ta mère est criminelle, On ne fait pas d'enfant quand on n'a rien. La fièvre gagne et le faubourg s'irrite ! Venez fusils, canons, venez guérir, La mort de faim ne va pas assez vite ! Il faut mourir ! Sœurs ! Il faut mourir !   Allons, misère, à tes rangs, bas les armes ! Qu'à pleine rue on nous achève enfin. Allez, venez, pas de cris, pas de larmes ! Enfants, venez, puisque vous avez faim. Tueurs en chef, achevez la campagne, Puisse avec nous notre race périr ! Ô travailleurs ne léguons pas le bagne. Il faut mourir ! Frères ! Il faut mourir !
2.
La Clameur 03:48
Elle naquit à la nuit tombée, quand les détonations se sont tues, Autour d’un tendre brasier, suspendue à une lèvre fendue. Dans un timide murmure, poussée vers l’inconnu, Elle se rattrapa de justesse à une oreille éperdue. Elle grandit dans la chaleur de ces ombres emmitouflées  Jouant à sortir d’leur torpeur les esprits tourmentés. Et elle crie à en perdre la voix dans la ville délabrée : « Ils ne passeront jamais les portes de Kobané !» Elle ne se taira plus jamais ! La Clameur ! Pour sûr, le silence cessera ! La Clameur ! Et quand nous serons bâillonnés ! La Clameur ! C’est elle qui rugira ! La Clameur ! Elle vibrait au fond de bistrot, dans le creux de discussions. Elle ronronnait blottie dans la douceur des salons. Au passage d’une troupe impromptue, elle s’accrocha à un étendard Pour mûrir dans les bourrasques du fabuleux tintamarre. A présent, elle fait claquer les fanions chamarrés, Trépigne d’envie de briser barrières et barbelés.  Paris, Santiago ou Beyrouth, elle hurle de tout son saoul : « Nous ne demandons rien car nous prendrons tout ! » Elle ne se taira plus jamais ! La Clameur ! Pour sûr, le silence cessera ! La Clameur ! Et quand nous serons bâillonnés ! La Clameur ! C’est elle qui rugira ! La Clameur ! Si un jour la cité se mure dans le silence, Si les fusils cousent les bouches de la dissonance,  Elle serpentera depuis les sous-sols et les cours Pour désassembler les canons dans un grondement sourd. Elle étouffera le mépris, les ordres aux bidasses, Appellera à danser squelettes et autres carcasses. Les affameurs resteront cois lorsqu’elle vocifèrera : « Charge camarade car le vieux monde est devant toi ! »
3.
Antoine/Bouc: Ici y’a l’malaise vagal des utopies Où la courbure de l’échine est un réflexe pour la survie Laissant la rage au casier, délaissant le phrasé Une voix n’est plus un cri mais un bulletin d’papier Ici où depuis tout petit entre le code barre et le code civil On a une vie rasoir au lieu d’en marcher sur le fil “Vis heureux, porte toi bien”, entends  ton rôle Trime au taf, avale les ordres, c’est l’salaire qui nous console Ici s’battre à la clef d’sol est perdu d’avance On claque d’une clef d’bras pour mettre au sol la bien pensance Car si personne n’obéit, personne ne commande Si personne ne subit, personne ne quémande Céder notre chair à des canons n’était pas dans nos rêves de gosses Le bruit des bottes persiste, attise l’éclat d’nos molotovs Y’aura toujours dans les parages, la lueur rouge et noire Un coup d’nerf, un cri d’guerre, l’écho du pavé de l’anar Oh mes animaux sauvages ! Rascals, Rapaces ! Que les prédateurs s’animent, que les charognards salivent Que se retroussent les babines, que s’aiguisent les canines ! Dk: Les sirènes s'accordent aux politiques aussi ternes Bien sur qu'on grogne quand maintien de l'ordre rime avec violences quotidiennes Et plus t'actives les flics, plus t'attises la horde T’étonnes pas qu'celui que tu traites comme un animal morde La nature reprend ses droits, ses éléments déchaînés Aucun d'vos débats ne pourra les freiner Débuté d'la banlieue, monté en hauts lieux Les députés nous trouvent odieux, bah tant mieux ! Pas de droits, pas de devoirs ! A partir de ce soir, ni loi, ni ordres à recevoir ! Un bourgeois crie parce qu'on brûle sa cab La meute grossit et puis hurle « ACAB ! » Tu t'affoles, rentier, tu désespères Alors qu't'as provoqué des guerres sur le globe entier, Faut pas qu'j'les laisse faire, parce qu'il faut changer, La violence est plus que jamais un mal nécessaire ! Oh mes animaux sauvages ! Rascals, Rapaces ! Que les prédateurs s’animent, que les charognards salivent Que se retroussent les babines, que s’aiguisent les canines ! Aurel: Dans les souterrains, ça frémit, ça trépide A l’orée des sous-bois, c’est fièvreux, ça trépigne  Informes, infâmes, c’est la revanche du bétail  S’élancent, déters,  griffes et sabots dans la bataille Charge au fenwick, ça tremble dans leurs rangs Nos militants ont le CACES et tellement de talent Patates gratuites pour les condescendants Hé cynique ! Tu vas voir qui c’est les sans dents ! Les hurlements à la lune réveillent les sombres hordes Ressuscitent les meutes, les frondes du désordre Bestiaux déters qui refusent la boucherie Qui ont fait cramer l’abattoir,  les équarisseurs aussi ! Un ultime cataclysme, une charge chaotique Dans un élan cathartique, ça chope la carotide C’est l’heure de la rapine, les affamés fulminent On bouffera les riches vu qu’en bas c’est la famine ! Oh mes animaux sauvages ! Rascals, Rapaces ! Que les prédateurs s’animent, que les charognards salivent Que se retroussent les babines, que s’aiguisent les canines ! Djé: Animal d'la cause militante, babines sales, pattes dans la fiente La fourrure hérissée, la crête, le croc cherche la main du maître On a la morsure tragique, rongés par les taxes et les tiques Ouais on a l'venin, la sève, d'la bête acculée qui crève On a explosé l'enclos et déposé les licols On marche en meute dans la nuit noire brûlant des bouteilles d'alcool On a d'l'Histoire à commettre, on vient dire merde à nos maîtres On votera plus pour quoi que ce soit, on a qu'la guerre à promettre Rapaces, blaireaux, carcasses, frérots Sales races, charclos, badass et badauds Ça casse, ca crie, ça prie, ça vrille Ça brise sa ville, solo ou en famille Les bourgeois flippent des moutons noirs que la violence galvanise Le retour de bâton en miroir quand les devantures se brisent ACAB : un slogan pas une thèse mais faut avouer qu'en temps de crise Ça cause aux gens sans parenthèse quand la terre gueule « I Can't Breathe ! »
4.
Le gratin de ce monde savoure les décombres, les débris. Dans leurs mains, le futur n’est qu’un présent qui pourrit. Le splendide de notre ruine est négocié par ces cyniques Mais pour eux aussi le parfum des roses empeste l’arsenic. La tête dans le capital, les sens dans la cécité, Ces ingénus s’étonnent de voir un ciel tristement vidé. Dans l’avarice de leurs dividendes, avaient ils oublié Que les charognes d’étourneaux ne peuvent se faire nuée. Nous sommes des statues de glace attendant les fontes écarlates. Délivrance du carnage de ce vivant écartelé. Tu cherches les piafs de passage ? ‘Sont en bas de cette falaise L’écume décrassant leur plumage de l’offrande des pétroliers. Que des ersatz et du cyanure dans la ripaille des vauriens ! Que du soufre et des carbures, que d’la grisaille pour les gredins ! Allez viens on s’tire, on va admirer l’horizon ! Ah, laisse béton… Il brûle depuis longtemps de toute façon… On se complait de fretin, de victoires passées qui flétrissent. Nos regards voudraient s’étreindre mais les écrans entre eux s’immiscent. Regarde ! Le jour s’est éteint, les lampadaires eux même frémissent. Quand l’obscur se fait satin, le lointain devient sévices. Jusqu’à la rétine, connectés, jusqu’à la moelle, surveillés. Alors ? Délices futiles ou sanglots esseulés ? Les esprits enfantins abdiquent puis s’oublient. Métro, boulot, réseaux, anxiolytiques et insomnies. On veut planquer notre neurasthénie, alors on profite du spectacle Que sublime m’sieur loyal avec un sourire délectable. On s’émoustille devant le cathodique, tente d’enterrer la décadence. Mais sur le parvis de ce cirque un chômeur s’asperge d’essence. Fermer les paupières est notre ultime résilience Les cris s’effacent si tu pars assez loin dans le silence. Allez éteins tes tireuses, tire le rideau de ton comptoir, On va tenter de briser les barreaux de ce putain mouroir ! On nous prohibe les vertèbres pour qu’l’horizon devienne bitume. Et ces putains de cerbères qui gardent l’enclos des taciturnes ! Certains lèvent les yeux au ciel espérant l’éclaircie Chialant à chaudes larmes pour laver l’iris des pluies acides. Gare à toi l’insolent qui ose sortir du rang commun. Quand les trottoirs s’ornent de brun, les caniveaux coulent rouge carmin. Combien de massacres ? Combien d’artifices avant que l’on s’vénère ? Combien de carnages ? Combien d’sacrifices avant que tu te mettes colère ? MERDE ! Les entends-tu les échos de ces chants qu’on a muselés ? Ils font encore vibrer ton bastringue pour estropiés ! Allez ressers moi un verre, file moi une trace ou un briquet ! D’façon on n’se sent en liberté que défoncés ou encagoulés. Il n’y a pas que de petites aurores… Enfin… J’ose encore y croire. Nous étions ces cœurs volages défoncés par leurs laminoirs ! Soyons les oiseaux d’l’orage annonçant les grands soirs ! Nous serons ces fleurs sauvages qui poussent entre les galets noirs !
5.
Sous les trombes, ses pas éclatent le bitume. Elle voudrait qu’ils écrasent son passé délétère. Sous le voile de la nuit, le vacarme s’est tu. Ah qu’elle peut-être douce cette ville velléitaire ! L’orage s’infiltre dans ses semelles usées. Il rince les hématomes, apaise les blessures. Mais il ne lave pas les phalanges incrustées Du sang qui n’est pas le sien, qui l’imbibe à l’ossature. Mais que ça les obsède : Qui est immoral ? La meurtrière ou celui qui a forgé la lame ? Le métal scintillant a vrillé dans une ruelle.  Claquant, son écho intrigue les passants. Mais elle les oublie leurs regards méfiants et cruels. La brume et le bitume pour seuls confidents. Elle sait qu’ils jasent ce soir ces éternels mutiques. Ceux-là même qui étaient sourds aux coups quotidiens. Mais ce soir la rumeur gronde, enveloppe les stoïques. Une femme a buté son époux dans un élan sanguin. Mais que ça les obsède : Qui est immoral ? La meurtrière ou celui qui a forgé la lame ? Le coup de trop a déclenché la fatale déferlante, Fissuré la chape de plomb, son amertume perlante. Et doucement s’insinue le souffle de Lilith… Et doucement résonne la litanie d’Lilith ! Elle cavale, trempée aux os, dans les rues murmurantes. Un discret rictus imprime ses commissures. Ce n’est plus une fuite, c’est une course enivrante Qu’elle a forgé en silence sur des années de torture. Magistrats et uniformes la jugeront bestiale. Quatre murs pour enfermer sa terrible rage. Mais quelles différences avec sa prison maritale ? La mort ou la taule ? Toi tu as choisi l’orage ! Mais que ça les obsède : qui est immoral ? La meurtrière ou celui qui a forgé la lame ? Le coup de trop a déclenché la fatale déferlante, Fissuré la chape de plomb, son amertume perlante. Et doucement s’insinue le souffle de Lilith… Et doucement résonne la litanie d’Lilith ! Cavale Sauvage !
6.
Le pas leste de l’aumônier vient troubler brusquement Le silence amadoué de mon tendre isolement. Le tartuffe veut m’sermonner. Mais son homélie sur l’expiation A de longue main passé la date de péremption. Son prêche monotone m’ramène à mes pensées, Là où encore résonne le chant des mutilés. Sans frémir, je lui affirme : « plutôt les balles que ta morale !». Profondément j’renifle, crache un glaviot sur sa soutane. Sale jour pour les curés, les damnés brillent dans la pénombre Quel doux jour de décembre pour laisser fredonner les ombres La porte est violentée par un benêt en uniforme. Ses médailles chantent la renommée de son cerveau filiforme. « Ultime gueuleton » dit-il de sa voix blanche, Jetant la maigre portion qui sur le sol s’épanche. Son regard plus qu’absent, m’rappelle la sinistre agonie De mes feus camarades, tombés pour la survie. Guilleret j’lui souris, j’m’approche et puis l’agrippe Pour décoller une mornifle sur son vilain porte pipe. Sale jour pour les geôliers, les maudits murmurent sous les décombres Quel froid jour de décembre pour laisser brûler les ombres Le caïd des véreux vient pour mettre fin Au défilé des caveux. Je lui souffle un « Enfin ». Renfrogné, il me tire afin de hâter mes pas, Entouré de bougons sirs dans les couloirs du trépas. Tandis que la potence s’agite, que les corbeaux sanglotent, Le zéphire, lui, irrite les pendus qui gigotent. Les geôliers et soutaneux peuvent croasser et bêler. Leur vacarme de baveux n’empêche pas les ombres de chanter. Sale temps pour les puissants, les parias dansent quand ils succombent Quel beau jour de décembre pour mourir avec les ombres
7.
La porte me livre à la potence. J’avance, serein, saluant l’audience. Les enfarinés savourent c’tableau sanglant. Ils s’régalent des corps qui pendulent, L’bourreau essuie l’sang qui le macule. L’orage gronde dans le ciel hurlant. Les cabots gémissent, le cortège passe, Les falaises frémissent, les vauriens trépassent ! Les planches se lamentent, le gibet se gausse, La corde amante des nuques d’écorce ! Je suis le mutin, la sorcière, Le quetzal encagé ! Je suis le vaurien, la poussière, L’increvable insurgé ! Là, je me place à l’étrave. J’enlacerai le Styx avec ces entraves. Je veux que l’on m’enterre avec mon surin. La cohue s’esclaffe avec fracas. Les tranches têtes ne se doutent pas Qu’je suis la brisée d’hier, le noyé de demain. Les bourrasques aux anges, les auspices sanglants Les pendus dérangent l’échafaud branlant ! Les rebelles flottent, un ballet vaporeux, Tauliers et bigotes s’en retrouvent ombreux ! Je suis le mutin, la sorcière, Le quetzal encagé ! Je suis le vaurien, la poussière, L’increvable  insurgé ! Sur les vivats du parterre, Ma nuque craque, sèchent mes artères. Je crève ce jour, demain ça ira mieux. Si pour sûr nos crânes pourrissent, Les fleurs d’charognes toujours fleurissent. Ils hurleront quand j’ouvrirai les yeux. La potence, les cages n’effraient pas d’ailleurs L’appel du large et des jours meilleurs. Les boulevards glorifient les bouchers Les cabochards chanteront les fauchés. Je suis le mutin, la sorcière, Le quetzal encagé ! Je suis le vaurien, la poussière, L’increvable  insurgé !
8.
Ce bout d’ivoire vibre sur cette table branlante. La brève euphorie apaise mes mains tremblantes. Mes camarades de jeux semblent floués, Ou est-ce car ils voient la fin sur mon épaule penchée. Je n’capte pas leurs invectives, ni d’ailleurs leur langue. Je ne parle que le viet de mon pays exsangue. Certains me méprisent, me parlent d’intégration Je rétorque exactions, colonisation ! Mon histoire dans le flou, Chronos s’est planté d’focale. A ma mort prochaine, aucun encart dans un journal Les boat people, nul n’s’en souvient ni n’s’en émeut A part le ciment d’la Duchère, le mortier de Vénissieux. Les hurlements nationalistes font chavirer les pateras. Je ressemble à ce Libyen fuyant les gravats D’un pays réduit en cendres après le déluge de feu De vos armes, de vos soldats, de vos Etats belliqueux ! Le sang coule toujours de barbelés Tachant nos dominos immaculés Mais vos frontières s’effondreront Quand s’terminera ce jeu de dominés Le rectangle blanc résonne dans la cour de la cité. Ce tour époustouflant laisse mes voisins bouche bée. Ces dominos se font mots car on n’se comprend que trop peu. Nous qui venons de loin, nous les damnés silencieux. Ces tours je les connais, j’y ai longtemps vécu Mais rien ne remplacera Mbour, j’en suis convaincu. Arrachés à notre ville pour sauver votre lointaine contrée, Nous les dogues de l’empire, les tirailleurs sénégalais. Hantés par la Provence, ses plages azurs et ses massacres. Ces petits bouts de corps s’envolant sur des reflets de nacre. Reconnaissance fantoche par vos tardives solennités. C’est peu, m’sieurs dames, une poignée d’terre sur l’charnier. Et je vois cette gamine arrivée d’Albanie S’échappant de ce Kanun hérité de sa fratrie. Menottée dans ce Boeing, elle sait ce qui l’attend, Cette fatalité qui lui sourit à pleine dents. Le sang coule toujours de barbelés Tachant nos dominos immaculés Mais vos frontières s’effondreront Quand s’terminera ce jeu de dominés Cette paire de deux fut un magnifique coup de maître. Et mes partenaires de jeux ont bien du mal à s’en remettre. Cette partie n’est un break, une trêve, une autre attente Dans cette vie obscure faite d’oppression glaçante. Rrom je le suis, et je suis femme libre. N’en déplaise aux mains gantées et à ces imbéciles. Toi racisme ordinaire, sache que mon espoir reste ardent. Autant que l’incendie de squat qui a condamné mes enfants. Démantèlement de camp sur le son sec des matraques, Harcèlement à coup de bottes et de battes, Ah qu’il est loin le temps des battues et des traques ! Qui est la vermine ? Ceux qui menottent ou qui s’débattent ? Et je pense en pleurant à ce jeune libanais Survivant miraculé d’un naufrage puis de Calais. Chassé, traqué telle une abomination, C’est l’agonie qui l’épie dans ce centre de rétention. Le sang coule toujours de barbelés Tachant nos dominos immaculés Mais vos frontières s’effondreront Quand s’terminera ce jeu de dominés
9.
Comme chaque fin de journée, les machines s’apaisent. Certains tapent le carton et autour les coudes se lèvent, Pendant que d’autres s’effondrent, les paupières fermées, Qu’aucun espoir et plus un rêve ne parviennent à percer. Quand soudain un bruit violent vient nous plonger dans le noir. Pas de crépuscule, rien ne scintille, pas une étoile ce soir. L’horizon s’est vidé, au sol des traînées de braises Sont laissées par les astres écrasés sur la plaine. Oh mon frère, sèche le sang sur tes lèvres Oh ma sœur, vois cette lueur voilée Camarade, si le soleil se lève Il sera ravivé par la fièvre des damnés Dans ce noir abyssal, malmenées par le vent, Les constellations se noient dans un silence assommant. L’air est saturé dehors, les cendres nous encerclent, Donnent naissance au vertige. Plus une lueur ne nous guette. Les vieux ont laissé leurs cartes, les piliers échappé leur bière. Les mômes ne cèdent pas, grimpent sur des arbres sans sève. Sans lueur ni mirador, les dents claquent, les mâchoires se serrent, Prêtes à rugir, insonores, pour que les étoiles se relèvent. Oh mon frère, sèche le sang sur tes lèvres Oh ma sœur, vois cette lueur voilée Camarade, si le soleil se lève Il sera ravivé par la fièvre des damnés Les nébuleuses ont chu et la plaine s’est embrasée. Nous serons ceux du chahut puisque notre peine est méprisée. La vapeur incendiaire qui s’exhale des souterrains Porte les souvenirs funèbres et la colère des mutins. Qu’un vautour ose se poser en s’alléchant de nos carcasses. Les oracles peuvent lâcher leur prose, prédire qu’on se fracasse. Le ciel est mort qu’cela ne tienne aux plus causants. Dans les bas-fonds, les astres sont nôtres, ressurgiront incandescents. Oh mon frère, sèche le sang sur tes lèvres Oh ma sœur, vois cette lueur voilée Camarade, si le soleil se lève Il sera ravivé par la fièvre des damnés
10.
Déluge 03:28
J’blasphème car l’essentiel se restreint. J’maudis ciel et terre car l’étincelle s’éteint. J’craque l’allumette me délectant de la braise,  Rêvant qu’elle se fasse fournaise. On est des brindilles que la finance broie Et nos avenirs ressemblent à des tours de Kapla. Mais j’déploie espoirs qui fourvoient les aubes immondes. J’aboie pour tenter d’accueillir la fin d’ce monde. Sous la lune rousse, torrents acides pleuvent Car plus rien ne pousse dans le ventre de la pieuvre. Chaînes, mort ou taule… ça tombe comme de mortes feuilles Dans le viseur des flashball, les flics t’ont à l’œil. BAM ! Sur les subversifs ! BAM ! Sur les anarchistes Clando, prolo, coco ! BAM ! Sur les utopistes ! Squats, ZAD tombent sous le joug de vos cohortes. Si je n’peux pas sauver le monde, J’irais détruire le vôtre ! Mais putain on va où ? Pour seul avenir un mur de béton ! « Ahou Ahou ! » devient le cri d’une génération ! Verrous, fa-tons, gaz ou comparutions… A tirer sur la corde tu vas t’prendre le retour de bâton. Recharges dans carquois, ôte ton air pantois ! Anarkia ! Jusqu’à Levallois ! Tous responsables de ces empires de marbre : Insomniaques contre marchands d’sable ! S’ils détruisent narquois les fondations de nos utopies, Briques - mâchoire j’peins le ciel à l’hémoglobine ! Mes refs t’étouffent ? Baader ! Durruti ! Viens, c’est l’heure d’la trachéotomie ! Troquons sans crainte, effroi, fardeaux, Contre utopiques desseins, k-way, marteau. J’brulerai l’Eden si l’Enfer reste de glace J’n’appelle plus à la lutte mais à la guerre des classes ! On n’est pas tout seul à foutre partout l’zbeul. A faire dérailler l’morbide carrousel. Chab ! On va s’courroucer ! Méfie-toi car les manches sont retroussées! Mer de pylônes à l’ombre de 1000 drones, Abrasifs minots contre vils clones ! Si j’appelle au calme ceux qu’on cartonne ? Oui ! Pour s’rapprocher d’l’œil du cyclone ! Nos corps ne sont plus qu’hématomes. Marches blanches sur un tapis de douilles. Décors fondent sous les hécatombes. L’ciel sait qu’on saigne sous nos cagoules. Adama, Clément, Zyed et Bouna, Pia, Assa,  Free Rojava, Chiapas, Gaza, Exarcheia, Les opprimés se lèvent ! Resistencia ! Même si le constat est désolant, que les conscrits sont dévolus, Que constellent les despotes, que se prosternent les résolus. Que les prostrés sont le prestige, que les proscris s’font perquis’, N’oublie pas que notre combat est bien loin d’être révolu ! Les oppresseurs vaniteux crient victoire avant l’heure Pour avoir occis vicieusement des esseulés veilleurs. Mais nous sommes meute ! Nous sommes légion ! Idéalistes transfuges ! Avec nous, avec nous, avec nous le déluge !
11.
Dis Mazette, c’est Byzance dans l’antre de la corne d’abondance. Etals greenwashés, promos qui claquent à la portée d’mon sans-contact. Des 4 quarts bios, des tartares bios, des carrelages bios, des 4x4 bios. « Pour une chouille de profits, il vendraient père et mère. J’ai un urgent besoin d’autoreduc populaire ! » Larfeuille en sautoir et SMIC affûté. Quels beaux présentoirs, j’vais me gaver de ces mets ! Bananes AB du Costa Rica, tels connectés équitables. D’la Javel sur les invendus, faudrait pas que les pauvres soient repus. « Consomme, consomme, consomme, j’ai un urgent besoin de péter d’la vitrine » Qu’on active les machines, qu’on nous crève à l’usine Qu’on impose l’isoloir comme seule dialectique Qu’on nous vende des produits, toutes ces merdes en plastique Que la doctrine soit ancrée : Achète, travaille, élis ! Oh pétard quelle croissance ! Pire que ça, ça frôle l’insolence ! Mets-moi l’travail comme idéologie, le fordisme comme cosmogonie. Alors gloire, gloire aux fiers travailleurs ! La hchouma sur les sales chômeurs ! « Destruction des moyens d’production, si on n’peut espérer d’réappropriation ! » Jobs à la con à tire larigot, suicides au boulot en veux-tu à gogo. Lumpen en guerre contre les prolos, qu’ils se battent pour la lie du magot. Qu’ils se tuent à la tâche, qu’ils cravachent ces tocards, qu’ils raclent le mitard s’ils arrachent nos costards « Une petite séquestration d’patron, ça change pas grand-chose mais putain qu’est-ce que c’est bon ! » Qu’on active les machines, qu’on nous crève à l’usine Qu’on impose l’isoloir comme seule dialectique Qu’on nous vende des produits, toutes ces merdes en plastique Que la doctrine soit ancrée : Achète, travaille, élis ! Didididididondon, c’est enfin l’heure d’une p’tite élection. Gros blanc bonnet ou benêt en col blanc, ploutocrates, leur armée de relents. Un p’tit bout d’papier pour un gros renoncement. Voter c’est choisir la couleur d’sa prison. « J’la vois bien rouge feu pour dès les prochaines élections ! » Trader ou facho, v’la les limbes du faux choix. Mate en haut, c’est avant tout des bourgeois. Libéralisme ou fascisme tu hésites ? Haut les cœurs v’la enfin l’ère du capital despotique ! Ferme bien ta gueule jusqu’au prochain scrutin. Ou t’auras plus qu’un œil pour scruter ta seule main « Gaffe car dans les turbins bouillonnent les larbins ! » Qu’on active les machines, qu’on nous crève à l’usine Qu’on impose l’isoloir comme seule dialectique Qu’on nous vende des produits, toutes ces merdes en plastique Que la doctrine soit ancrée : Achète, travaille, élis !
12.
Sans accroc 03:38
Je tiens mon remède, je ne le lâcherai plus. Et j’arpente les rues avec une tête de roublard déchu. Des canettes dans les poches, une bouteille à la main Je ne laisserai pas mon foie tranquille tant qu’j’n’en aurai pas bisé le cul Ça y est je bé-bé-bégaye, ah je vacille ! Et je me ris des regards de mépris que me lancent les passants aigris. Et les rétros les pilonnes s’bidonnent à viser ma bedaine J’compterai demain tous les œdèmes, j’profite de cet anti Eden ! Mais peu importe le contenu, tant qu’ça finit dans mon contenant ! Certains me diront détenu de ces mélanges détonants. D’ailleurs il n’y a rien d’étonnant, toujours avec mon Montonneau Plutôt une mousse qu’un Thonon. Si j’veux un verre ? Et comment ! Sans accroc ! J’tomberai pas plus bas qu’le caniveau ! Sans accroc ! Ouais c’est pas bien haut, mais j’serai à niveau ! Sans accroc ! On m’dit suceur de goulot, alcoolo Mais j’laisse juste couler la biture sans accroc ! Wé j’en tiens une bien bonne, je me fais déliquescence L’hygiénisme à la présidence ? ok J’en suis la résistance. J’souris à l’accoutumance, salue la pancréatite, Bien l’bonjour madame cirrhose, gros bisous monsieur polynévrite. Les passants offensés par ma démarche outrancière. J’ai le mal de bière, qu’une bonne âme m’envoie des brassières. Ah ! Enfin, j’arrive au palier de ma délivrance. J’empoche ma prestance, frappe à la porte de la décadence. J’le ressens dans mon ossature qu’l’alcool devient ostentatoire. J’fais plus dans la fioriture, le bafouillement est mon oratoire. Un bon bavoir serait de bon aloi, les neurones se font friture. Peu m’importe l’allure et la gloire tant qu’il me reste la biture Sans accroc ! J’tomberai pas plus bas qu’le caniveau ! Sans accroc ! Ouais c’est pas bien haut, mais j’serai à niveau ! Sans accroc ! On m’dit suceur de goulot, alcoolo Mais j’laisse juste couler la biture sans accroc ! Et je tiens ma gueule de bois, ça je n’recommencerai plus. Je me lève la bave aux lèvres, mes pensées ne sont plus qu’des rébus J’trébuche sur un cadavre, les embûches ont l’teint fadasse. J’hume une douce senteur de péraves, l’hédonisme hier s’est fait vorace. J’suis soumis aux romis, j’demande le divorce au whiskey. Il peut même avoir la garde des bouteilles de raki. Y’a plus personne que j’connais. J’marmonne pour un cookie, Un fond d’verre de coca, avec la diction d’un wookie. J’claque la porte de cette crasse d’appart, fuis les traces de mon foie en vrac ! J’peux pas cacher qu’j’suis défracté, j’erre de place en place à moitié défroqué. Contre le mal de crâne, les yeux d’équerre : rien de mieux qu’une bonne bière ! Tant mieux, moi j’l’aime mon remède, j’arrêterai demain comme j’l’ai fait hier. Sans accroc ! J’tomberai pas plus bas qu’le caniveau ! Sans accroc ! Ouais c’est pas bien haut, mais j’serai à niveau ! Sans accroc ! On m’dit suceur de goulot, alcoolo Mais j’laisse juste couler la biture sans accroc !
13.
Siamo 02:39
Tout est dégueu dans cette fichue gare. Décor encore plus sali ces flics. Pépouzes, dans ce sombre couloir, Ils contrôlent et tabassent des fugitifs. J’bouillonne… J’bouillonne… Et j’rameute toute la clique ! SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI ! Tout est terne dans c’te foutue boulangerie Aux senteurs de pain rassis et de vieux aigris. L’ancêtre devant moi tape la causerie Du genre « on ne se sent plus chez nous ici ». Alors j’bouillonne… J’bouillonne… Et j’rameute toute la clique ! SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI ! Tout est tranquille dans ce salon d’coiffure. Au calme, un shampoing, une coupe, des bigoudis. Soudain, un pelo déboule d’un pas sûr. Merde, ce narvalo tape un salut nazi. Mais j’bouillonne… J’bouillonne… Et j’rameute toute la clique ! SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI Dans les lycées et à la fac’ ! A l’usine, dans les EHPADs ! Dans les rues et dans les squats ! Aux concerts et dans les bars ! SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI !

credits

released February 25, 2021

Musicien.nes:
Clara Colle: accordéon, chant
Aurélien Guille: chant, guitare
Antoine Marchal: batterie, mandoline, chant
Django Rey: contrebasse, chant

Invité.es:
Dk et Djé (La Meute)
Clémentine, Gabin, Nino et Wendyame: voix d’enfants (La Meute)

Enregistrement, mix et mastering: Fred "Brain" Monestier à La Bobine (Grenoble-38)

Illustration: Metra
Mise en page pochette et livret: Marika Gourreau
Photo livret: Christophe Chatel (projet Turntables)

license

tags

about

Les Coureurs de Rempart Grenoble, France

Chanson rock libertaire

www.lescoureursderempart.com

Information: lescoureursderempart@gmail.com

Diffusion:
diffusion@rascalprod.com
... more

contact / help

Contact Les Coureurs de Rempart

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like Les Coureurs de Rempart, you may also like: